La santé mentale des jeunes est aujourd’hui en crise, et cette situation alarmante s’est particulièrement accentuée depuis la fin de la pandémie de COVID-19. Si le virus a bouleversé les vies de millions de personnes à travers le monde, ce sont les adolescents et les jeunes adultes qui semblent en être les premières victimes sur le plan psychologique. L’après-pandémie révèle une réalité douloureuse : une augmentation préoccupante des troubles anxieux, dépressifs et de la détresse psychologique chez cette tranche d’âge, souvent invisible mais pourtant essentielle à l’avenir de nos sociétés.
Pendant la crise sanitaire, les jeunes ont vécu des bouleversements sans précédent. Le confinement, les restrictions de déplacement, la fermeture des écoles et la suppression des activités sociales ont coupé brutalement ces jeunes de leurs réseaux de soutien essentiels. Ils ont été privés d’une vie sociale normale à un âge où les interactions avec les pairs sont cruciales pour le développement personnel et affectif. Cette rupture des liens, couplée à une incertitude généralisée quant à l’avenir scolaire, professionnel et personnel, a généré un terrain propice au développement de troubles psychiques.
Les jeunes sont ainsi devenus les premières victimes d’une crise souvent qualifiée de « silencieuse ». Si le nombre de cas de COVID et ses impacts physiques ont parfois semblé moins sévères chez eux, la pandémie a eu un effet dévastateur sur leur équilibre émotionnel. L’anxiété liée à la peur de la maladie, le stress accumulé par l’isolement, le sentiment d’injustice face à une situation incontrôlable, et les difficultés économiques et familiales ont contribué à une détérioration rapide de leur santé mentale.
Les chiffres confirment cette tendance inquiétante. De nombreuses études ont documenté une hausse significative des troubles anxieux et dépressifs chez les jeunes depuis la pandémie, avec une augmentation des consultations en pédopsychiatrie, des hospitalisations pour crises aigües, et même des tentatives de suicide. Ce phénomène dépasse les barrières sociales et géographiques, touchant aussi bien les milieux urbains que ruraux, les milieux favorisés que défavorisés.
Ce constat met en lumière un double défi. D’une part, il s’agit de répondre à une demande croissante d’accompagnement psychologique et psychiatrique. Les services spécialisés sont souvent saturés, les délais d’attente longs, et les ressources humaines et financières limitées. D’autre part, il faut repenser en profondeur les dispositifs de prévention et d’éducation à la santé mentale. Il est urgent de développer des actions en milieu scolaire, universitaire et communautaire pour permettre une détection précoce des troubles et offrir des réponses adaptées avant que la souffrance ne s’aggrave.
Par ailleurs, la stigmatisation autour des troubles mentaux demeure un frein majeur à l’aide. Beaucoup de jeunes hésitent à parler de leurs difficultés, par peur du regard des autres ou d’être perçus comme faibles. Il est donc essentiel de promouvoir une culture de l’écoute, de la bienveillance et de l’ouverture, où chacun peut trouver un espace sécurisé pour s’exprimer et être accompagné.
En fin de compte, la santé mentale en crise chez les jeunes est un défi majeur de notre temps. Elle interroge nos systèmes de santé, notre organisation sociale, mais aussi nos valeurs collectives. Si cette génération post-pandémie est marquée par des épreuves difficiles, elle porte aussi en elle une formidable capacité de résilience et de changement. À nous, en tant que société, de lui tendre la main, de reconnaître ses souffrances, et de bâtir ensemble un avenir où la santé mentale des jeunes sera une priorité, une responsabilité partagée, et un levier d’espoir pour demain.
Santé mentale en crise